Souhaitez « Bon anniversaire » à cette personne qui est bien à plaindre (3)

Sur les réseaux sociaux circulent de nombreux messages sollicitant un commentaire en guise de soutien pour une personne malade, handicapée ou prétendue mal aimée. Comment questionner leur fiabilité avec les élèves ? Quels sont les enjeux de ces fake news ?

L’objet à analyser

Des appâts à clics

Régulièrement, des annonces sur les réseaux sociaux tentent de jouer sur la sensibilité et la compassion des gens afin de récolter un maximum de réactions. Les contenus proposés utilisent des histoires tristes ou bouleversantes afin d’attirer un maximum l’attention : un faux enfant malade, un individu victime de coups, une personne porteuse d’un handicap et en manque d’affection… 

Capture d'écran de la fake news
Sur les réseaux sociaux circule l’image de cette adolescente visiblement handicapée : personne ne se soucierait de son anniversaire.

Pour les arnaqueurs, il s’agit d’exploiter la crédulité et l’empathie naturelle du lectorat afin d’obtenir un nombre important de clics, de likes ou de partages. Pour certain∙es, l’intention est surtout de flatter leur égo et d’attirer l’attention sur eux. Plus leur publication reçoit de likes, plus leur sentiment de satisfaction et de considération s’accroit. Cependant, pour une majorité, l’objectif est lucratif. Plus il y a de réactions, plus cela engendre du trafic sur la page et plus cela permet un apport financier engendré par la publicité.

Le cas de Lucas

Une fausse info mais de vraies personnes

Beaucoup négligent le fait que, dans ces annonces, se trouvent des personnes dont l’image est illégalement utilisée et détournée à leur insu. La photo ci-contre, par exemple, a été postée pour la première fois en janvier 2017 et circule toujours aujourd’hui sur les réseaux sociaux. La légende qui accompagne cette photo prétend que « un ami à l’école lui a dit que personne ne lui souhaiterait un bon anniversaire à cause de sa maladie – « il a 11 ans aujourd’hui. S’il vous plait, ne passez pas cette page sans lui avoir écrit : « Joyeux Anniversaire »».

En réalité, comme précisé sur le site haxbuster.com, la publication originale date du 4 décembre 2016 alors que l’enfant, Lucas, un petit garçon brésilien, fêtait ses 9 ans. Contrairement à ce qui est dit dans la légende actuelle, l’enfant n’est pas triste. Initialement, il était même précisé qu’il se sentait heureux d’avoir autant de camarades et de personnes qui pensent à lui.

Le véritable objectif de la famille de Lucas était de récolter des fonds pour financer de multiples et nécessaires opérations. La tromperie de celui ou celle qui a utilisé l’image en la détournant n’est pas sans conséquence. Non seulement elle a jeté un discrédit sur les intentions réelles des parents. Ensuite, elle a inévitablement eu des effets directs sur l’enfant. Aujourd’hui adolescent, il ne doit pas être simple pour lui et ses parents de constater que cette image continue d’être utilisée sans la moindre autorisation et sans qu’ils ne puissent y faire quelque chose.

Capture d'écran d'une publication présentant Lucas, garçon en situation de handicap visible, avec un commentaire incitant à lui souhaiter un bon anniversaire.

Déroulement

Activité pédagogique

Proposez deux publications aux élèves (voir celles annexées en supports à cette fiche).  Dans un premier temps, précisez uniquement qu’elles proviennent du réseau social Facebook.

  1. Demandez à chaque élève, individuellement, de choisir une des deux publications et de rédiger un commentaire libre sur celle-ci (en considérant qu’il pourrait être réellement publié).
  2. Invitez chacun∙e à lire son commentaire à haute voix. Les autres de ne peuvent pas réagir. 
  3. Demandez aux élèves la raison pour laquelle ils∙elles ont choisi l’une ou l’autre publication. Ensemble, déterminez la façon dont certains éléments ont influencé ce choix.
  4. Si certain∙es élèves ont énoncé un commentaire critique envers la publication, n’hésitez pas à leur demander d’en expliquer la raison (exemple de commentaire : Je ne vais quand même pas souhaiter un bon anniversaire à un chien).

Invitez les élèves à réagir après leur avoir précisé que : « Ces deux publications circulent depuis 2019 et, aujourd’hui encore, des gens continuent à les partager ou à poster des réactions et des commentaires.  Pour la jeune fille comme pour le chien, les gens leur souhaitent encore régulièrement un bon anniversaire. Près de 250 000 partages ont été enregistrés à ce jour pour la photo du chien. 50 000 pour celle de la jeune fille. »

Suscitez le débat chez vos élèves à partir de ces questions :

  • Si ces publications datent de 2019, comment se fait-il qu’elles circulent encore ?
  • Qu’est-ce qui donne envie aux gens de réagir ?
  • S’agit-il de vrais anniversaires ?
  • Quels sont les éléments qui vous font (qui pourraient vous faire) douter ?
  • Quelle pourrait-être l’intention des personnes qui publient ce type de publication ?
  • Que doit penser la jeune fille sur la photo ?

L’intention, au terme de cette activité réflexive, est principalement d’amener les élèves à percevoir l’importance de questionner ce type de publication en considérant à la fois :

  • La dimension informationnelle, par l’observation de la façon dont les contenus ont été élaborés afin de susciter des réactions ;
  • La dimension technique, en considérant le support de communication utilisé et l’incidence des outils proposés dans la propagation de l’information ;
  • La dimension sociale, en considérant à la fois l’intention de l’auteur∙ice et les effets ou conséquences de la publication sur l’ensemble des protagonistes (l’auteur∙ice de la publication, les internautes qui réagissent, l’enfant qui se trouve sur la photo…).

Lancez le questionnement à partir des exemples proposés sur la page de hoax-net.be : Partagez, Likez, Commentez, et SUPER FACEBOOK aidera tous les enfants malades ! », hoax-net.be.

Médiathèque

Supports pour l’activité

Images sources

Les publications appellant à la pitié des internautes

Ce sont les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux et qui font l’objet d’analyse dans la présente fiche d’activité.

Debunking

Article de Hoax Net

« Partagez, Likez, Commentez, et SUPER FACEBOOK aidera tous les enfants malades ! »
Cet article comporte aussi plusieurs autres exemples mobilisables dans l’analyse.

Debunking

L’article du Nouvel Obs

« Arnaque à l’enfant cancéreux : des photos de varicelle détournées sur Facebook »

Debunking

Article du quotidien Le Soir

« La fin de la course aux « like » sur les réseaux sociaux ? »

Debunking

Article de F. Charron

« Partager une photo Facebook pour aider un enfant malade, vrai ou pas ? »